Samedi 1er avril a eu lieu le carnaval des sauvages, le carnaval en colère contre la mascarade présidentielle qui a rassemblé plus de 150 personnes.
Le carnaval s’est mis en branle sur la place des halles de Wazemmes, après l’arrivée de la manifestation contre les expulsions et la fin de la trêve hivernale. Un discours, moquant les discours politiciens, expliquait en quelques minutes les raisons politiques de ce carnaval (cf tract). Le jeu était simple : coller le maximum d’affiches ridiculisant le vote et les élections, dans des endroits visibles et insolites.
Les keufs étaient nombreux et visibles dès le départ, mais le carnaval a quand même démarré sa déambulation après le discours, derrière une superbe banderole « Viser les urnes, ça ne me fait pas peur ». Le cortége était accompagné d’une batoucada, l’ambiance était bien joyeuse et festive avec du rythme, de la couleur, des confettis, des slogans bien déters, des tags qui apparaissaient au fil du parcours et des déguisements et des masques au top ! Tout le monde s’est bien pris au jeu et de nombreuses affiches ont pu être collées pendant le parcours.
Malheureusement, au bout d’une demi-heure de parade, les baceux, qui collaient le cortège derrière, se sont mis à matraquer les gens et ont volé un des caddies avec une sono… La police montée et plusieurs dizaines de crs se sont mis à bloquer de part et d’autre la rue solférino et le devant de la manif. Un des gradés de la police nationale nous a demandé de nous disperser alors même que nous étions pris en nasse. A ce moment là, nous n’avons pas été assez réactifs pour surprendre le dispositif policier et protéger le caddie ainsi que les personnes matraquées. Il faut dire que cette forme de carnaval n’était pas des plus propices pour se protéger.
Si la police, désorganisée elle aussi, a été véhémente c’est que nous avons quand même réussi à créer une ambiance favorable à dépasser notre peur des keufs et à faire abstraction d’eux. Peut-être un peu trop…
Cependant le carnaval a permis de prendre la rue pendant quelques instants, en liant le jeu à l’acte politique, ridiculiser la campagne présidentielle en essayant de diffuser une autre parole qui dépasse l’injonction à aller voter. Malgré les tentatives de dispersion de la part des keufs, le cortége s’est tenu soudé jusqu’au bout en repartant en direction de wazemmes. Le carnaval est retourné joyeusement entre slogans antikeufs et batoukada sur la place, et les gens ont pu retrouver l’isoloir, installé au début de la fête, pour se changer tranquillement à l’abris des regards indiscrets des flics.
Nous pensons que, malgré les humiliations de la police, il faut continuer dans cette voie, à expérimenter d’autres formes d’apparitions politiques – qui puissent en même temps dépasser nos peurs de façon collective, et en même temps pouvoir se défendre contre les attaques de la police – pour porter un discours offensif contre la politique classique.
Assemblée de lutte pour continuer la contre-campagne et préparer le soir du premier tour le 13 avril à 18h30 à la bourse du travail !
A bientôt dans la rue !
Quelques ingouvernables.